Berck est marqué par son passé maritime (pêche côtière et à pieds) et ce dès le Moyen Age : plus de 100 bateaux, appelés flobards, accostaient sur la plage de Berck.
Ces bateaux ont la caractéristique d'être de forme arrondie et à fond plat. En l'absence de port, ils pouvaient donc, au gré de la marée, échouer sur la plage.
Le poisson ainsi pêché, était acheminé dans les grandes villes, par les chasse-marée (véhicules tirés par des chevaux, principalement des boulonnais).
Au début du 19ème siècle, quatre chantiers navals permettaient la construction des bateaux. Le dernier chantier naval a fermé ses portes en 1948.
L'aviation a aussi imprégné l'histoire de Berck. En mars 1904, Gabriel Voisin effectue le premier essai français de vol plané sur la plage à bord d'un planeur.
En mai 1940, Berck est occupé par les allemands. La ville devient la cible de bombardements intenses, qui détruisent le front de mer. Faisant partie du Mur de l'Atlantique, Berck voit se construire des blockhaus sur la plage. En 1944, le phare est complètement détruit.
Berck est aussi marqué par son passé médical, qui commence vers le milieu du 19ème siècle.
Hopital Maritime
En 1854, des enfants sont confiés par le Docteur Paul-Henry-Antoine Perrochaud (1816 - 1879) à la veuve Duhamel de Groffliers, qui les emmenait en brouette deux fois par jour sur la plage pour les baigner et soigner leur plaie. Les petits malades guérirent rapidement.
Lui succède alors la veuve Marie-Anne Brillard. Née en 1812, à Berck, elle voit quatre de ses enfants et son mari emportés en 1852 par le choléra. On la surnomme alors "la Marianne Toute Seule".
Elle décide d'habiter sur la plage, dans une maison située sur l'entonnoir avec son fils François, sa fille Marie et sa nièce Adèle. Elle garde tout d'abord, les enfants des femmes de pêcheurs parties à la pêche à la crevette, tandis que leurs maris sont au large.
Convaincue par Marie-Anne Duhamel et le Docteur Perrochaud, elle accepte d'accueillir huit enfants scrofuleux (tuberculeux) qu'elle emmène sur une voiture traînée par un âne. Eux aussi guérissent rapidement.
Les effets bénéfiques de l'air iodé de Berck sont très rapidement connus de Paris. Le nombre d'enfants accueillis chez la Veuve Marianne Toute Seule ne cesse de croître (jusqu'à trente enfants). Ce fut le premier sana de Berck.
C'est alors que cinq religieuses sont envoyées, afin de l'aider et qu'il fallut agrandir sa maison.
L'assistance publique décide de construire en front de mer un "petit hôpital" provisoire en bois en 1861.
En 1869, et après le succès du petit hôpital, l'Hôpital Napoléon, construit selon les plans de l'architecte Emile Lavezzari et consacré exclusivement à l'enfant, voit le jour.
Il sera inauguré par l'Impératrice Eugénie (1826 - 1920), qui croyait son fils, le Prince Impérial, malade.
Elle donnera, par ailleurs, son nom à la rue qui traverse Berck, de la ville à la plage.
Le petit hôpital fit place à un pavillon de dortoirs (il sera détruit en 1905 pour agrandir l'Hôpital Maritime).
L'hôpital Napoléon est doté de 700 lits et surtout d'une piscine à eau de mer chauffée. Cette piscine est éclairée par une importante verrière. Des rampes d'accès sont installées pour faciliter la descente des malades. Des poêles permettent de chauffer le local. Ils seront plus tard remplacés par des radiateurs de chauffage central.
L'hôpital Napoléon deviendra l'Hôpital Maritime de la Ville de Paris, à la chute de l'Empire en 1870.
Le Docteur Victor-Auguste Menard (1854 - 1934) dirigera l'établissement pendant trente ans dès 1891. Il succèdera au Docteur Cazin. L'hydrothérapie marine voit alors le jour.
En 1892, en raison de laïcisation, les quatre-vingt religieuses Franciscaines qui assuraient les soins, la classe et le service interne, quittent l'établissement et créent en 1894 l'Hôpital Cazin-Perrochaud, dans les locaux du Grand Hôtel.
Vers 1907, l'Hôpital Maritime passera à 1000 lits, grâce à des agrandissements.
Durant la première guerre mondiale, l'Hôpital Maritime sera transformé en hôpital militaire.
La seconde guerre mondiale sera marquée par le transfert des malades vers Paris et l'Hôpital Maritime sera détruit. Sa reconstruction débutera après guerre et l'inauguration des nouveaux bâtiments aura lieu le 14 octobre 1953.
Institut Calot
En 1900, le Docteur François Calot (1861 - 1944) décide de fonder un hôpital sur le front de mer : il s'appellera Saint-François de Sales, en hommage à son saint patron.
Constitué de trois pavillons : clinique chirurgicale, pavillon pour enfants accompagnés et pavillon pour enfants non accompagnés avec salle de gymnastique, il sera compléter de deux dortoirs (un pour garçon en 1901 et un pour filles en 1906).
François Calot était chirurgien et traitait plus particulièrement la tuberculose ostéo-articulaire. Le Docteur Calot s'opposant au traitement chirurgical, préférait traiter les enfants grâce à une méthode orthopédique (immobilisation plâtrée : plâtre d'Abott), associée à l'action bénéfique du climat berckois.
Cette méthode lui valut une renommée internationale. Dès 1919, il organise des conférences et en 1921, il est nommé Officier de la Légion d'Honneur.
D'une capacité initiale de 100 lits, l'hôpital passera à 600 lits en 1939. La durée d'hospitalisation allait de 1 à 3 ans et l'équipe d'encadrement était composée principalement d'éducateurs (enseignement, activités occupationnelles) et de religieuses.
L'hôpital était, tout d'abord, destiné à une clientèle aisée. Cependant, le Docteur François Calot décida de réserver le bâtiment principal à l'hébergement des familles qui accompagnaient les enfants hospitalisés. Avec l'argent de cet hôtel, le Docteur Calot faisait hospitaliser des enfants défavorisés.
Durant la seconde guerre mondiale, les enfants furent exilés au Château de Vigny dans le Val d'Oise.
Après la guerre, l'Hôpital se consacrera à la chirurgie orthopédique de l'adulte et de l'enfant.
2000 patients étaient soignés sur Berck, à l'époque, dans les quatre principaux hôpitaux. Les malades, étaient allongés sur des chariots plats appelés "gouttières" qui leur permettaient à la fois de rester en permanence allongés, tout en ayant la possibilité de se déplacer.
Les enfants n'ayant pu être dépistés pendant la guerre, venaient à Berck pour soigner des scolioses avec des angulations très importantes. Ils restaient souvent alors allongés plus d'un an, jusqu'à ce que la fusion osseuse soit obtenue. Mais, il arrivait souvent que les corrections régressaient et il fallu ajouter un étai pour maintenir les courbures graves.
Cette technique avait été mise au point par le Docteur Cauchoix, alors Directeur de l'établissement (arrivé en 1952, il venait un jour et demi par mois pour réaliser les interventions, et ce durant 25 ans).
Le Docteur Cotrel améliora le corset plâtré en mettant au point la méthode EDF : Elongation, Dérotation et Flexion.
L'institut Cazin-Perrochaud
Troisième hôpital créé à Berck, il est réalisé à l'initiative des Religieuses Franciscaines, qui avaient quittées l'Hôpital Maritime.
Tout d'abord situé dans la rue de l'Impératrice, il est transféré en 1893 dans les locaux du Grand Hôtel.
François Calot acquis ces locaux, pour les céder ensuite aux religieuses. En 1894, l'établissement accueille 100 enfants.
La Chapelle fut construite par la suite. Sa décoration a été réalisée par Albert Besnard pour les fresques et par sa femme pour les structures. Les peintures ont été classées par la Commission des Monuments Historiques.
Avant la première guerre mondiale, 450 enfants sont accueillis dans cet établissement.
L'asile Maritime
L'Asile Maritime a une place particulière dans l'histoire de Berck, puisqu'il fut, dès 1891, l'endroit où furent accueillis 9 pensionnaires. Il recevait des Berckois, hommes ou femmes de plus de 60 ans, sans ressources et en particulier des marins. Les plus valides s'occupaient du jardin ou de la basse-cour, les femmes réparaient les filets de pêche.
En 1974, l'Asile Maritime ferme ses portes pour les rouvrir en 1975 et prendre le nom de Villa des Oyats.