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Sanatorium départemental Etienne Clémentel à Enval, Puy-de-Dôme

Au XXe siècle, Enval abrite deux établissements d'accueil pour tuberculeux : le premier se trouve aux Graviers, dans le bas du village, le second est le sanatorium Étienne Clémentel, construit entre 1927 et 1933 sur les hauteurs du village à l'initiative d'Étienne Clémentel.
 
Sanatorium  Étienne Clémentel Construit entre Riom et Volvic, à une altitude de 650 à750 mètres par l’architecte Jean Amadon
 
Le projet du sanatorium - Le choix d'Enval, pour son implantation, s'impose par son bon air, son écrin de verdure, sa situation géographique idéale de semi-montagne.
En 1927, le Conseil Général du Puy de Dôme décide de créer un sanatorium de 200 lits, à la demande d’Étienne Clémentel, homme politique de la troisième République.
Étienne Clémentel est maire de Riom, député, sénateur, président du Conseil Général et plusieurs fois ministre. Marqué par la mort de sa fille, atteinte par la tuberculose (qui est à l’époque la première cause de mortalité avec 80 000 décès par an), Étienne Clémentel fait en sorte que la loi de 1919, qui oblige chaque département à se doter d’un sanatorium public, soit appliquée dans le Puy de Dôme.
Grâce à un amendement que fait voter Étienne Clémentel, l’État doit subventionner pour moitié la construction des sanatoriums. Pour l’autre moitié du coût, Étienne Clémentel décide de faire appel à la générosité publique. En deux ans, il collecte dans toute la France une somme équivalente à près de deux millions d’euros.
Édouard Michelin fait don à titre personnel d’un million de francs, prenant la tête des contributeurs privés, souvent notables ou représentants d’entreprises locales et nationales.
 
La construction et l'inauguration
L’établissement est construit entre juillet 1929 et septembre 1932, la réalisation est confiée à Jean Amadon, architecte de la Polyclinique de Clermont-Ferrand. Installé sur les hauteurs de la commune d’Enval avec une vue imprenable sur la Limagne, le premier établissement anti-tuberculeux de statut public du Puy-de-Dôme ouvre ses portes le 1er septembre 1933. C'est un bâtiment Art déco en béton armé, toiture d’ardoise, imposante façade exposée au sud. L’ensemble est composé de plusieurs corps de bâtiment, parmi lesquels le pavillon des malades, le pavillon d’administration et de soins médicaux, le bâtiment du personnel, le logement du concierge et la villa du médecin-chef directeur.
Le pavillon des malades, long de 246 mètres, est constitué d’un corps principal au centre où sont installés les services généraux. Deux ailes latérales sont destinées aux malades, séparant les femmes (côté ouest) et les hommes (côté est). Chacune se termine par un pavillon d’isolement. Exposé au sud-est, le pavillon des malades est conçu autour de galeries en pergola dont les dispositions permettent de réunir les conditions nécessaires à une cure d’air et de lumière, traitement le plus efficace avant la découverte de la pénicilline. 
L’ensemble comprend également une chapelle, une salle des fêtes et un cinéma. À l’intérieur, comme à l’extérieur, les malades peuvent écouter les nouvelles grâce à l’installation d’appareils de T.S.F.
Le bâtiment est officiellement inauguré le 23 juillet 1934 en présence du président de la République, Albert Lebrun.
 
Vie au sanatorium
Pour l’époque, l’établissement est très moderne, il dispose de sa cuisine, sa buanderie, sa stérilisation.
200 malades sont pris en charge dans l’établissement. Les médecins ne disposent pas de médicaments efficaces et la chirurgie reste assez aléatoire, même si dès  sa création le sanatorium dispose d‟un bloc opératoire. Les patients bénéficient de repos, de bon air, de conditions d’hygiène et d’alimentation satisfaisantes. A l’époque, les dépenses alimentaires représentent 40% du budget, soit dix fois plus qu’actuellement. Une soixantaine d’agents travaillent dans l’établissement et vivent dans les logements situés à l’entrée du site. Il n’y a qu’un seul médecin et 20 agents soignants, les autres personnels travaillaient à l’administration et aux services généraux.
Les armes contre la tuberculose ...
- l’aération continue : intensive, jour et nuit,
- la cure de repos : au lit ou en chaise longue,
- une alimentation saine et variée répartie en 4 repas quotidiens,
- la cure médicamenteuse dispensée par le médecin résidant,
 - la cure d’entraînement : promenades pédestres et activités de plein air
... associé à une hygiène irréprochable 
Les chambres sont traitées aux vapeurs de formol, les matelas étuvés, le linoléum, les murs, les meubles et les linges sont lessivés avec un antiseptique et la vaisselle bouillie et passée au carbonate de soude : les microbes et virus sont immanquablement  traqués.
© MLR - Collection particulière - Le sanatorium de Clémentel
 
La période de la seconde guerre mondiale est très difficile. L’établissement doit accueillir plus de 100 malades supplémentaires, réfugiés de deux sanatoriums d’Ile de France. Il rencontre également de grandes difficultés d’approvisionnement.
Après la guerre, apparait la chirurgie thoracique qui donne à l’établissement un rôle de centre chirurgical pour la région Auvergne. Les compétences des chirurgiens, les progrès de l’anesthésie et le développement des antibiotiques permettent d’améliorer le traitement de la maladie.
 
Vaincre la maladie
A partir de 1953, s’amorce le déclin de l’établissement avec l’apparition de médicaments anti-tuberculeux efficaces. Le nombre de malades diminue dans tous les sanatoriums, l’activité chirurgicale aussi. D’autres types de malades, alcooliques notamment, sont accueillis dans l’établissement. Au début des années soixante, la reconversion apparaît inéluctable.
A l’époque, émerge la nécessité de mieux prendre en charge les handicapés moteurs, plus nombreux avec le développement de l’automobile, ainsi que les patients nécessitant des soins prolongés.
Sur ces bases, le Conseil d’Administration vote en 1968 la création d’un service destiné aux malades convalescents et chroniques. La capacité de ce service sera peu à peu étendue jusqu’à ce que le Ministère de la Santé autorise, en 1973, la création de 132 lits de réadaptation fonctionnelle et de 78 lits de convalescence. Cette nouvelle orientation de l’établissement nécessitera, entre 1973 et 1977, la construction de l’actuel bloc technique, la fermeture des galeries de cure pour agrandir les chambres et la modernisation de ces chambres.
 
Dans le même temps, la dénomination de sanatorium disparaissait pour faire place à celle de Centre Médical Étienne Clémentel.
Au début des années 2000, il apparait que l’établissement remplit sa mission de soins, mais que les conditions d’hébergement ne sont plus celles qu’attendent les patients. Les services ont en effet une majorité de chambres à trois lits, équipées seulement de lavabos, les douches et WC étant collectifs.
Une décennie de travaux importants débute, avec tout d’abord la réfection du service de SSR (Activité de Soins, de Suite et de Réadaptation) polyvalent. Le chantier débute en 2004 pour se terminer fin 2007. Seuls les murs, les sols et les toits sont conservés. Tout l’espace intérieur est réaménagé pour permettre de créer, à chaque étage, 26 chambres à un lit et 9 chambres à 2 lits, toutes équipées de sanitaires complets. Les circulations, les locaux dévolus au personnel sont également repensés pour plus de fonctionnalité, de confort pour les patients, le tout en respectant les normes de sécurité incendie et d’accessibilité.
Le même type de travaux se déroule ensuite dans l’autre aile du bâtiment, abritant le service de rééducation, chantier de mai 2009 à février 2012.
Enfin, à partir de 2013, sont engagées des opérations de travaux dans la partie centrale de l’établissement, visant à terminer la mise en conformité de l’ensemble.
Centre Hospitalier Étienne Clémentel
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Sources
- Archives départementales du Puy-de-Dôme - La création du sanatorium Clémentel
- Centre Hospitalier Étienne Clémentel - Historique du CH Étienne Clémentel
- Site de la Mairie d'Enval - Centre Etienne-Clémentel
- Histoire des sanatoriums en France (1915-1945). Une architecture en quête de rendement thérapeutique, Philippe Grandvoinnet, 2010
 
Aller plus loin
Étienne Clémentel décède le 25 décembre 1936 à Prompsat (Puy-de-Dôme). Les obsèques se déroulent le 28 décembre à Prompsat et à Riom dans la chapelle de l'hôpital. De l’amitié de l’ancien ministre avec Rodin restent plusieurs œuvres du sculpteur : trois bustes d’Étienne Clémentel, l’un à Enval au sanatorium et deux à Riom dans la cour de la mairie et au musée Mandet.
 
 
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