Charles Sabourin - Premiers sanatorium de France à Vernet / Auvergne et au château de Durtol / Puy de Dôme

29 Mars 2021

Charles Sabourin est né le 19 juin 1849 à Chatellerault, dans la Vienne. Docteur en médecine, ancien interne des Hôpitaux de Paris, Charles Sabourin se spécialise dans la recherche médicale, notamment l'anatomie et la pathologie pulmonaire.

Il est bientôt reconnu pour ses travaux et ouvre à Vernet, face au massif du Canigou, en 1890, son premier établissement pour soigner les malades atteints de phtisie ou de tuberculose pulmonaire.

En juin 1897, au château de Durtol dans le Puy de Dôme, le Dr Sabourin crée véritablement le premier sanatorium de France. La thérapeutique s'appuie sur des cures d'air et de repos, mais aussi une nourriture abondante et la discipline.

Les sanatoriums du Canigou et de Durtol sont installés dans des bâtiments existants que leur propriétaire adapte au mieux à leur nouvel usage.

Le sanatorium du Canigou à Vernet est pendant presque une décennie (1890-1899) le seul établissement français accessible aux tuberculeux pulmonaires adultes.

En effet, dès 1890, les tuberculeux ne sont plus obligés d’aller à l’étranger, notamment en Allemagne ou en Suisse, pour trouver un établissement qui les accueillent.

Situé à une altitude idéale de 650 m, Vernet les Bains est une station thermale réputée. Les eaux du Vernet sont utilisées dans les affections de l’appareil respiratoire, de la tuberculose et fournissent une médication aux dermatoses, rhumatismes et autres maladies dites de femmes.

Le Dr Sabourin y implante son établissement. L’endroit est idéal, protégé, à l’abri du vent, le soleil y rayonne en permanence. La végétation y est généreuse : le palmier, l'aloès, le poivrier, le laurier-rose égaient de leur verdure les promenades d'hiver des malades.

Ces malades sont logés dans un ancien hôtel de cure de 70 chambres. Le sanatorium dispose de plusieurs galeries de cure, l'une attenante au bâtiment principal, les autres éloignées de quelques centaines de mètres. Cette ensemble forme le premier établissement créé par le Dr Sabourin, il en est le médecin-directeur.

Le malade trouve dans ces galeries de cure vitrées, à parois mobiles largement ouvertes ou non selon le temps, chaises longues en osier, couvertures de laine, lecture, jeux et conversation. La pratique de la cure d'air est la base en toute saison, de neuf heures du matin à dix heures du soir, cure étendue à la nuit durant laquelle la fenêtre reste ouverte. Les repas sont pris à la table d’hôte de l’hôtel.

Le sanatorium du Canigou est une grande réussite. Malheureusement l’un des médecins directeurs, victime de calomnies, quitte celui-ci et en 1899, son successeur liquide le sanatorium. Celui-ci devient un Pavillon d’hiver.

Au cœur de l’Auvergne, le Sanatorium de Durtol est un établissement privé, fondé par le Dr Sabourin ; il reçoit des malades atteints de tuberculose pulmonaire curables, ou améliorables.

Le village de Durtol, niché au pied du Puy-de-Dôme, est très bien protégé contre les vents du Nord et de l'Ouest. Il est situé au Sud Ouest de Clermont-Ferrand, à 3 kilomètres de cette ville et à 100 mètres au-dessus d'elle, ce qui lui donne une altitude de 520 mètres. Le village abrite l'ancienne propriété des seigneurs de Durtol, un château flanqué de deux tours rondes élevées à la fin du XVIIe siècle. Le château et son parc sont rachetés en 1885 par Charles Sabourin.

Le choix du lieu est de première importance, un sanatorium nécessitant un endroit abrité, une altitude idéale pour effectuer les cures d'air, la luminosité y est plus intense. La vallée de Durtol est connue depuis longtemps pour les qualités médicales de son climat.

Nous sommes en 1897 et le Dr Sabourin crée dans sa propriété le premier sanatorium de France. Le château, ceint d’un parc de 5 hectares, offre une façade tournée directement vers le Sud, avec de nombreuses chambres et comprend un corps de bâtiment principal formé par le château. Il est alors doublé dans ses dimensions par des pavillons annexes reliés par des galeries. Ces différents bâtiments contiennent une petite salle servant de laboratoire, une galerie de cure, une chapelle, une salle de billard. Parmi les dépendances se trouve une vacherie qui, seule, fournit le lait aux malades.

Le service médical est assuré par le Médecin-Directeur assisté d'un Médecin-Adjoint qui sont résidents. Des infirmières diplômées assurent les soins médicaux et une garde permanente.

Particularité à l’époque : il reste ouvert toute l'année.

De 24 chambres en 1898, l’établissement en comptera jusqu’à 58, pouvant accueillir 116 malades, chacun dispose d’un lavabo et d’un placard personnel. Le mobilier est rudimentaire : le lit est en fer, les autres meubles ne présentent aucun caractère particulier, et sont réduits au strict nécessaire. Un paravent se trouve dans chaque chambre. En hiver, les malades portent une pèlerine en drap à capuchon, ils chaussent les sabots dits galoches. Pour la nuit, en hiver, les malades revêtent la chemise de flanelle, et, s'il fait vraiment froid, ils endossent par-dessus un tricot ou une vareuse.

Conférences, séances de cinéma ou de théâtre, excursions, salle de détente, bibliothèque…, sont proposés aux malades.

Une nourriture hygiéno-diététique, une des raisons d’être du sanatorium, est servie dans une vaste salle. Les piliers de ces cures : l’air, le repos et l’alimentation, une alimentation progressive en rapport avec le réveil de l'appétit.

Le site bénéficie d’un outillage technique complet, en particulier un service de radiologie, un laboratoire et de sept galeries de cure. Tout l'établissement est éclairé à la lumière électrique et bénéficie du chauffage central.

Le château abrite aujourd’hui une clinique médicale cardio - pneumologique.

Publicité parue dans l'Excelsior du 28 février 1912

© Collection particulière MLR - Durtol - Façade sud

© Collection particulière MLR - Durtol - Sanatorium du Château de Durtol (P. de D.) - Perron du Château

© Collection particulière MLR - Sanatorium du Château de Durtol (P. de D.) - Cure des Bois

© Collection particulière MLR - Sanatorium du Château de Durtol (P. de D.) - Une galerie de Cure

© Collection particulière MLR - Durtol - Vue générale

Sources

Histoire des Thermes à Vernet les Bains, site internet consulté le 24 mars 2021 [https://www.thermes-vernet.com/cure-thermale/etablissement-thermal/histoire-des-thermes-a-vernet-les-bains/]

Sanatorium de Durtol, caisse autonomie nationale de scurit sociale dans les mines, nd., document consulté le 24 mars 2021[https://patrimoine.secumines.org/xspecial/fichiers/sanatorium_durtol.pdf]

Brunon, Raoul (1856-1929). Auteur du texte. Les sanatoriums de fortune pour tuberculeux pauvres / par M. Raoul Brunon,... 1901.

Traitement rationnel de la tuberculose pulmonaire et de ses modalités cliniques / par le Dr A. Pégurier,.. 1901. Le sanatorium de Durtol - P 301

Voyages d'études médicales : eaux minérales, stations maritimes, climatériques et sanatoriums de France : Compte rendu du voyage de 1899 aux stations du centre et de l'Auvergne / par le Dr Carron de La Carrière. 1900. Sanatorium de Durtol

Brunon, Raoul (1856-1929). Auteur du texte. Traitement de la tuberculose. Le Sanatorium du Vernet / par le Dr Raoul Brunon,... 1891.