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Dreux / Eure et Loir - Préventorium Thérèse Viollette et Sanatorium des Bas Buissons - 1931 - 1956

La tuberculose devient un véritable fléau à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. A cette époque, la cure "hygiéno-diététique" et le repos dans des établissements spécialisés représentent la seule chance de guérison. La loi Léon Bourgeois du 15 avril 1916 impose la création d'un sanatorium par département. Jusqu'en 1950, en France, ce sont 250 sanatoriums qui seront ainsi construits. En 1928, le maire de la ville de Dreux, Maurice Viollette, entreprend la construction d'un énorme complexe, finalement composé de huit bâtiments principaux étendus sur plusieurs dizaines d'hectares : l'ensemble architectural est situé au nord-ouest de Dreux au hameau Les Buissons.
Le site présente un environnement favorable quant à l'édification d'un sanatorium. En effet, c'est un lieu aéré, boisé, en hauteur, assurant ainsi une grande exposition au soleil et à l'air. Il représente une superficie de 47 hectares.  Les architectes Georges Beauniée et André Sarrut érigeront entre 1928 et 1932 les pavillons et les galeries de cures nécessaires aux malades ; ce complexe  poursuivra, au cours des années son évolution. A cette heure, il  se divise en deux grandes entités :
  • Le préventorium Thérèse Viollette qui ouvre le 1er mai 1931. Le préventorium, c'est ce qui prévient, une structure médicale destinée aux formes plus légères de la tuberculose, soit une primo-infection tuberculeuse non contagieuse et exemptée de lésions évolutives. Sa capacité d'accueil sera portée jusqu'à 300 places en 1936.
  • Le sanatorium Laënnec, localement appelé le sanatorium des Bas Buissons, qui ouvre en 1932. C'est un établissement médical spécialisé dans le traitement des différentes formes de la tuberculose d'une capacité de 400 lits. Le personnel du sanatorium s’élève à environ 200 personnes.

Le sanatorium est construit tout en longueur. Les pavillons mesurent 160 mètres de long pour une dizaine de large afin de profiter le plus possible de l'héliotropisme architectural avec l'ensoleillement plein sud pour le solarium. Les galeries de cure sont peintes de couleur claire pour améliorer l'éclairage, surtout l'hiver, elles sont le centre stratégique de la prescription médicale. Des cloisons vitrées mobiles permettent de fermer les galeries, au moyen d'une manivelle, en cas de fortes intempéries. On note également que la T.S.F. est diffusée dans les galeries à heures fixes.

On doit aux architectes Georges Beauniée et André Sarut une décoration riche : carrelages, mosaïques, frises style art déco, fer forgé et inscriptions en lettres capitales du nom du bâtiment...
© Collection particulière - MLR - Sanatorium de DREUX (E. et  L.) - Un Pavillon du Sanatorium
© Collection particulière - MLR - Sanatorium de DREUX (E. et L.) - Un Pavillon du Sanatorium
Le site et son évolution
Le sanatorium à l’ouest se compose de pavillons principaux orientés au sud. Parallèles entre eux, ils sont reliés par des galeries couvertes et séparés par des jardins.
- La clinique Laënnec, nommé en l'honneur de René Laënnec, inventeur du stéthoscope. Il s'agit du sanatorium en lui-même ; il dispose  d'une salle d'opération, de quatre salles de pneumothorax, d'une salle de section de brides.
- Le pavillon Calmette, nommé en l'honneur de Albert Calmette, inventeur du vaccin contre la tuberculose. Il est structurellement similaire au pavillon Pasteur. Derrière le bâtiment principal se trouve la grande salle, l'observatoire mais également un théâtre et plusieurs autres lieux d'activités ludiques, afin d'aider les patients dans leur longue cure.
- Le pavillon Pasteur, nommé en l'honneur de Louis Pasteur, fondateur de la microbiologie. Ce premier bâtiment administratif de deux étages est entouré de deux ailes d'un étage. Le pavillon additionné à  toute l'aile gauche mesure plus de 370 mètres de long. L’aile Villemin est construite dans le prolongement du pavillon Pasteur en 1936.
- Le pavillon Koch, nommé en l'honneur de Robert Koch, fondateur de la bactériologie.
- Le pavillon Guersant, destiné aux patients âgés, est érigé au nord-ouest des autres structures.
Le préventorium au centre se compose de trois pavillons principaux orientés au sud. Il est souvent appelé Préventorium Thérèse Viollette, du nom de l'épouse de Maurice Viollette, maire de Dreux de 1908 à 1959. En 1936 est également construit un lazaret et un préventorium pour les jeunes enfants et en 1937 une école.
La maison de convalescence à l’est se compose de deux pavillons principaux orientés au sud. Une maison de repos dite aussi de convalescence ouvre en 1935. D'une capacité de 50 lits, elle accueille des femmes et des jeunes filles. Ce bâtiment est transformé en centre de cardiologie en 1955.
En 1935 le sanatorium est à son apogée, avec une capacité d'accueil d'environ 1 000 personnes
En 1940, le bâtiment ne fonctionne qu'au tiers de ses capacités, présageant déjà le déclin du lieu.
Dès qu’il occupe les fonctions de directeur, à partir du printemps 1941, quelques mois après l’instauration des premières lois anti-juifs, Gabriel Roche entre en résistance. Il a évité à plusieurs juifs drouais de prendre les convois pour la mort en faisant de faux certificats pour garder comme malades.
"Il a aussi sauvé plusieurs juifs menacés par les lois antisémites de Vichy", précise Jean Botvinik, à l’appui de documents et de témoignages des descendants de ceux qui ont bénéficié de l’action du bon “Gaby”, comme l’appelaient ses proches et amis."
 
Après la guerre, le sanatorium est utilisé à partir de 1946 comme annexe de l’hôpital de Dreux pour la lutte contre la tuberculose. La vaccination contre la tuberculose, rendue obligatoire en 1950 en France,  sonne la fin des sanatoria. En 1956, la clinique Laënnec est progressivement désaffectée, mais sert d'abord de maison de retraite puis d'institut médico-pédagogique de 1962 à 1980. Jusqu'à la fin des années 1980, il sert surtout à accueillir des patients souffrant de maladies rares.
Le site est fermé en 1990, puis est racheté par la Ville de Dreux en 1999 pour un franc symbolique.
En juin 2016, lors d'une exploration, un jeune homme de 19 ans fait une chute mortelle dans l'un des bâtiments les plus hauts du sanatorium. Après une marche blanche, la mairie annonce des mesures d'urgence afin d'empêcher l'accès au site. Depuis 2021, des murs en tôle entourent l'ensemble du complexe.
Depuis, le premier bâtiment de la clinique Laënnec a été transformé en Centre maternel des Bas Buissons.
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Avec la crise sanitaire, de nombreux citadins aisés quittent les grandes villes et notamment Paris pour des communes plus modestes. Dreux, à moins de 2h de la capitale, compte en profiter.
Le projet comporte 228 logements sur 9 500 m², un spa, une piscine, un hammam, des espaces de coworking et une villa dédiée à la création. Il y aura même un terrain de cricket et un practice de golf, entre autres. Les travaux débuteront en septembre 2023 pour une livraison prévue en 2025.
Sources
- "Un projet immobilier à 100 millions d'euros : Dreux va métamorphoser son ancien sanatorium", article Ouest-France, 12 mai 2022

- "Sanatorium : l’Histoire d’une Renaissance", Le Magazine - Octobre 2021 – Pages 10 à 15

- "L'étonnante révélation sur l'activité secrète du sanatorium de Dreux", article  L'Echo Républicain, 5 juin 2020 https://www.lechorepublicain.fr/dreux-28100/actualites/l-etonnante-revelation-sur-l-activite-secrete-du-sanatorium-de-dreux_13792256/

- L’histoire du Domaine des Bas-Buissons à Dreux par Histoire et Patrimoine https://www.histoire-patrimoine.fr/programme-immobilier/actualites/lhistoire-du-domaine-des-bas-buissons-a-dreux

- Histoire des sanatoriums en France (1915-1945). Une architecture en quête de rendement thérapeutique, Thèse de Philippe Grandvoinnet, 29 juin 2010

- Magazine Regard, "Faisons-nous ce qu'il faut pour nos tuberculeux ?", n° 220, 31 mars 1938, sur Gallica

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