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Lot - Montfaucon / La Roseraie - Prieuré, presbytère, station sanitaire, sanatorium des Postes…

Nichée en plein cœur du village de Montfaucon (Lot), face à la mairie et jouxtant l’église, la grande bâtisse, autrefois séminaire, puis sanatorium s’étend sur deux hectares et abrite les bâtiments du centre de rééducation fonctionnelle et de la maison de retraite de la Roseraie.

La Roseraie - Elle est un prieuré, puis un presbytère au début du XIXe siècle, avant de devenir un petit séminaire de 1815 à 1907. En 1915, cet ensemble immobilier est aménagé en camp de prisonniers puis station sanitaire pour les soldats atteints de la tuberculose. Reconverti en 1927 en sanatorium public, puis en sanatorium des Postes en 1929, il se métamorphose dans les années 1960-1970 en un établissement de rééducation fonctionnelle post-opératoire. En 1975, le bâtiment accueille une maison de retraite destinée aux salariés de l'établissement puis à tous les publics, dans les années 80.

 

Du Petit séminaire à la station sanitaire - De 1815 à 1907- Créé sous l’égide de Guy Larnaudie, le Petit séminaire forme un imposant ensemble constitué d’une cour d’honneur entourée de trois corps de bâtiments et d’une cour arrière carrée, dite cour des Rosiers.

Le Petit séminaire fait aussi fonction de collège d’enseignement secondaire, il a l’honneur de compter, parmi ses deux cents élèves, le jeune Léon Gambetta. Le Petit séminaire évolue grâce à l’acquisition de l’Ancien prieuré, de trois maisons et d’une partie de la rue de Claux ;  Sont alors aménagés des salles d’études et des logements pour les enseignants.

En 1858, Émile Carayol prend la direction de l'établissement. En 1867, il fait édifier une nouvelle chapelle et 1871 marque le début la construction de l'aile Sud-Ouest.

En 1875, son successeur, M. Magne, fait agrandir la partie centrale vers l'est pour accueillir 267 élèves.

La loi de séparation des Églises et de l'État de 1905 sonne le glas pour le Petit séminaire qui doit revenir à l'État en 1906. Il est évacué le 19 janvier 1907.

Le mai 1911, la commune estime ne pas avoir les moyens d'entretenir les bâtiments. Ils sont attribués au département en octobre 1914. Ils servent alors de cantonnement militaire et accueillent près de 2000 soldats.

En 1917 pendant la Première Guerre mondiale, les autorités émettent un avis favorable pour la transformation des locaux en station sanitaire pour soldats blessés aux poumons.  La salle des fêtes et les chambres de l'aile sud-est sont converties en dortoirs pour les malades et les salles d'études transformées en bureaux. Les logements des médecins sont installés dans les deux pavillons situés à l’extrémité des ailes latérales. Le bâtiment a de telles dimensions que certains dortoirs, contenant parfois 60 lits disposés en trois rangées parallèles, restent inoccupés pendant quelques temps. L’ancien "dortoir des grands", sans doute le mieux exposé, est aménagé en "salle de cure d'air et de repos".

Au total les surfaces disponibles permettent d’installer plus de 300 lits de malades, tandis que les services (cuisines, réfectoires, lingerie, désinfection, service médical, salles de réunions) sont répartis au rez-de-chaussée.  Des travaux d'installation de l'eau courante aux étages et de l'électricité sont effectués.

 

En France, la loi Honnorat du 7 Septembre 1919, faisant suite à la loi Léon Bourgeois du 15 avril 1916 qui institue des dispensaires d'hygiène sociale, impose la création d'un sanatorium par département.  Cette loi interdit la mixité au risque de perdre des subventions accordées par l'état.

 

Du sanatorium départemental  au sanatorium des Postes…

Malgré la protestation du conseil municipal du 19 juin 1927, des travaux sont engagés pour transformer les bâtiments en sanatorium, avec notamment la construction d’une nouvelle aile d’hospitalisation.

Quatre galeries de cure sont installées au sein même des bâtiments existants, leur ventilation est obtenue par la seule ouverture des fenêtres. Des chaises longues sont placées dans les galeries de circulation du rez-de-chaussée et du premier étage de l’aile sud de la cour des Rosiers ; deux autres galeries sont sommairement aménagées dans les corridors situés au sud de l’aile centrale.

Deux galeries sont construites à Montfaucon dans le jardin situé à l’arrière de la station sanitaire, en complément des galeries de cure intérieures. Ces galeries extérieures comptent environ 40 places chacune et sont probablement réservées aux malades les plus valides. Montfaucon dispose alors de près de 200 chaises de cure pour une population de 300 malades.

 

Le sanatorium des PTT - La Fédération des Sociétés Postales signe un bail de 18 ans le 28 novembre 1928. L'inauguration du sanatorium a lieu le 29 septembre 1929.

© MLR - Collection particulière - Montfaucon (Lot) - Sanatorium des P.T.T. - Façade et Entrée
© MLR - Collection particulière - Montfaucon (Lot) - Sanatorium des P.T.T. - Façade et Entrée
Plusieurs directeurs se succèdent : le docteur Mans nommé en octobre 1929, le docteur Auger en janvier 1931, le docteur Polack en 1932.  Le nombre des malades croît d'abord lentement : 60 en 1929, 114 en 1931 (77 hommes et 37 femmes). 
La loi Honnorat et la morale obligent l'hospitalisation des hommes et des femmes dans des bâtiments distincts. Le sanatorium devient féminin et les hommes sont envoyés à Villiers-sur-Marne.

Les effectifs augmentent alors rapidement pour atteindre 260 femmes en 1933. C'est un établissement performant utilisant les techniques de soin de la tuberculose les plus avancées de son époque. Les conditions matérielles et l'environnement des malades y sont optimales pour la nourriture, les loisirs (piano, TSF, activité théâtre, bibliothèque), la formation pour une réinsertion des malades (infirmière, coiffeuse, couturière…).

Pendant la période sombre de collaboration, lors de la Seconde Guerre mondiale, le docteur Lazare Polack, en raison de ses origines juives est rapidement interdit de l'exercice de ses fonctions de directeur.

Françoise Lapeyre, une sage-femme de l'hôpital de Cahors, le cacha lors d'une rafle en 1943. Mais le 15 décembre 1943, le docteur, son épouse, sa belle-fille et sa petite fille de 13 mois sont arrêtés à Montfaucon. Sa fille Gilberte, au lycée au moment de l'arrestation, fut sauvée par la secrétaire du docteur, Marinette Arjac-Toujas, qui se rendit à Cahors pour la cacher. Malgré le péril, Marinette Arjac-Toujas apporta des vêtements chauds et transmis des lettres à la famille Polack enfermée à la prison Saint-Michel de Toulouse. Le docteur et sa famille furent envoyés au camp d'extermination d'Auschwitz, ils n'en revinrent pas.
 

Fondation du centre hospitalier de la Roseraie - Suite au recul constant de la tuberculose depuis 1945, le docteur David réoriente les activités du sanatorium vers le traitement d'autres pathologies. En 1957, le sanatorium est remplacé par "La Roseraie", un centre de rééducation qui doit son nom à sa cour de rosiers.

En 1975, le bâtiment accueille une maison de retraite destinée aux salariés de l'établissement puis à tous les publics dans les années 80. Les effectifs en personnel passent de 75 postes en 1964 à 128 en 1984. L'établissement est placé sous l'administration d'une union mutualiste : des PTT, de l'aviation civile, des douanes, de la justice, et de la police. En 1984, l'hôpital comportait : 100 lits de maladie à évolution prolongée, 40 lits de rééducation fonctionnelle, 20 lits de pneumologie et 20 lits de maison de retraite.

L'établissement dépend par la suite de l'Union Mutualiste la Roseraie qui regroupe les mutuelles des douanes, de l'aviation marine, du ministère de la Justice, de la police et la mutuelle générale.

En 2002, une autorisation d’activités de 130 lits de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) est délivrée par l’ARH. En 2011, une nouvelle autorisation a été accordée pour 130 lits de SSR.

L’ouverture d'un nouveau bâtiment de l’EHPAD ( 64 lits)  a lieu en décembre 2013.

Sources

© MLR - Collection particulière Montfaucon (Lot) - Sanatorium des P.T.T. – La Cour d’Honneur
© MLR - Collection particulière Montfaucon (Lot) - Sanatorium des P.T.T. – La Cour d’Honneur

 

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