Au début du XXe siècle, le séjour en colonie de vacances est reconnu pour son action d’hygiène préventive et ses vertus pédagogiques pour les enfants. Elle est la "première ligne de défense contre la tuberculose", "véritable croisade de paix et de rédemption", "œuvre patriotique et humanitaire" …
En Pays de Loire, la vocation hygiéniste de ces premières colonies se traduit par l'accueil d'enfants dans le sanatorium de Pen-Bron à La Turballe fondé en 1887 par Hippolyte Palu et une communauté de religieuses.
Un programme double : l'hôpital marin/sanatorium
La colonie de vacances est associée à l’hôpital marin : sanatorium destiné aux enfants scrofuleux, anémiques et rachitiques ouvert toute l’année et fonctionnant comme colonie de vacances durant la saison d’été. Le sanatorium du Moulleau dans la baie d’Arcachon en Gironde (ouvert dès 1882), celui de Pen-Bron face au port du Croisic en Loire-Atlantique (1887), de Cap-Breton dans les Landes (1889) fonctionnent selon ce modèle. En 1888, le comité protestant genevois convoie un premier contingent d'enfants valétudinaires au Lazaret de Sète. L'année suivante, ils se rendent à l’asile Dollfus à Cannes, installé depuis 1886 dans l’ancien hôtel de lord Brougham qui sera bientôt acquis par le comité genevois.
L’établissement, ouvert d’octobre à juin suit le rythme saisonnier des stations d’hiver de la Riviera méditerranéenne, contrairement à ceux situés sur la façade atlantique, ouverts durant la saison estivale. De 1898 à 1903, la Caisse des écoles de Saint-Mandé dans la région parisienne envoie les enfants au sanatorium Parmentier, dans une station balnéaire de la Manche à Berck-sur-Mer dans le Pas-de-Calais ; à partir de 1904, seules les filles sont hébergées au sanatorium Parmentier ; les garçons sont accueillis au sanatorium Bouville et, de 1911 à 1913, ils sont envoyés au sanatorium de Zuydcoote dans le Nord. Il sera longtemps difficile de distinguer la colonie de vacances temporaire de l’établissement permanent à caractère hospitalier (préventorium) ou pédagogique (école de plein air)...
... Les colonies de vacances, centrées sur l’hygiène préventive et la fonction pédagogique deviennent " indépendantes" et peu à peu autonomes par rapport aux établissements "curatifs" spécialisés. L'objet de la colonie est, selon l'inspecteur des écoles Edmond Cottinet, "d'offrir une cure d'air aidée par l'exercice naturel en pleine campagne, par la propreté, la bonne nourriture, la gaieté". La première génération des établissements climatologiques mixtes, associant le curatif et le préventif, l’hôpital et la colonie de vacances est définitivement éteinte avec l’avènement des préventoriums à partir des années 1920, aboutissement de la spécialisation des installations sanitaires.
Les colonies scolaires
Le milieu scolaire est lui aussi sollicité : les Caisses des écoles parisiennes sont en première ligne. Edmond Cottinet, administrateur de la Caisse des écoles du IXe arrondissement de Paris, fonde en 1883 la première colonie scolaire à Luxeuil en Haute-Marne. Le choix du lieu est déterminé par l'altitude, supérieure à celle de Paris, et par la distance, raisonnable, de la capitale. Les colonies scolaires logent dans les écoles ou les pensionnats existants ou construisent des bâtiments spécifiques. Ces colonies municipales sont les premières à utiliser des structures à grande capacité d'accueil. En 1894, un vaste bâtiment de deux étages abrite les 111 enfants de la colonie du XIe arrondissement de Paris à Mandres-sur-Vair dans les Vosges, tandis que 150 enfants peuvent être reçus dans la colonie scolaire lyonnaise du Serverin dans l'Isère...
...À partir de 1893, des fonds du Conseil général du département de la Seine sont affectés aux colonies de vacances. Dans les années 1890, les pouvoirs publics s'investissent davantage dans la lutte contre la tuberculose ; la colonie de vacances est considérée alors comme un traitement préventif complémentaire. Des établissements hospitaliers comme Pen-Bron en Loire-Atlantique, Cap-Breton dans les Landes, Saint-Pol-sur-Mer dans le Nord et ensuite Arcachon en Gironde, sont ouverts toute l’année et accueillent durant l'été une colonie de vacances. À Pen-Bron, la colonie est installée à l'écart dans l’ancienne sardinerie qui avait été utilisée comme premier bâtiment du sanatorium. Jusqu’en 1914, la charité publique reste la principale ressource financière. À l’exception des premières colonies organisées par les municipalités, la participation publique reste faible mais la contribution des familles est souvent nulle. Pour les colonies confessionnelles, le recours au financement privé est quasi exclusif...
___________
Sources