4 Avril 2020
Ce sont les marais salants les plus septentrionaux de France - Paysage millénaire, labyrinthe d'eau né de la main de l'homme, de l'union de la terre, du soleil et du vent, les marais salants représentent un patrimoine exceptionnel. De ce lieu surgit le sel de Guérande, que l'on nomme l'or blanc.
Le bassin salicole guérandais comprend près de 2000 hectares de marais cultivés et incultes répartis en deux zones… L'une, autour du Traict du Croisic, la plus vaste, s'étend sur les communes de Batz, de Guérande, de La Turballe. L'autre est située au-delà du coteau guérandais et couvre 350 hectares sur les communes de Mesquer, de Saint- Molf et d'Assérac. Cette dernière reçoit l'eau du Traict de Mesquer.
La technique actuelle d'exploitation des marais salants est antérieure au IXe siècle (technique solaire). La création des salines s'est étendue sur plusieurs siècles. Vers l'an 1500, les marais atteignaient 80 % de la surface actuelle.
Entre 1560 et 1660, grâce au développement du commerce maritime, 2500 oeillets seront construits. Les dernières salines ont été construites vers 1800.
Mais un abandon progressif commence dès le milieu du XIXe siècle face à la concurrence du sel de mine, à la baisse de consommation du sel alimentaire comme produit de conservation et à l'amélioration des transports par voie terrestre.
Les marais salants en danger
Dans les années 1950, les paludiers sont confrontés à l’évolution des habitudes alimentaires – les produits raffinés, le sel comme le sucre, mais aussi de nouveaux comportements-, une baisse importante du prix du sel à la production et le tourisme avec le développement des stations balnéaires et la spéculation foncière.
L’activité salicole est en danger en presqu’île. Les paludiers se battent contre le bétonnage du littoral ; Les paludiers encore en activité reçoivent le soutien d’une vingtaine d’associations de protection de la nature. Une audience médiatique importante, une réelle communication ont été les amorces d’une réelle prise de conscience de l’identité des paludiers et du sel de Guérande.
Dans les années 1980, beaucoup de marais sont à l’abandon, beaucoup de salines sont inutilisables, c'est un constat mais cette période a aussi redonné l'espoir de voir le nombre de paludiers dépasser les 200.
On repense alors le métier de paludier, ce savoir-faire ancestral, il faut le transmettre ; Des paludiers issus de la presqu’île mais aussi d’autres régions entament un long travail de reconstruction, de production et de commercialisation. Le stage professionnel, mis en place en 1979, a permis un rajeunissement et un renouvellement de la profession.
En 1988, est créée le "Groupement des producteurs de sel de Guérande", pilier de la reconquête économique et de la survie des marais salants. Les paludiers ont su s'organiser et défendre leur produit face à la concurrence.
En 1989, Le Groupement des Producteurs de Sel s'est constitué en Coopérative Agricole qui, grâce à une politique de qualité a réussi à augmenter les ventes.
Sous l'impulsion du Groupement, l'Association pour la Promotion du Sel de l'Atlantique (Aprosela), a été créée en 1990.
Pour mieux maîtriser la commercialisation du sel, elle a, en 1992, racheté une société de production et de vente : Les Salines de Guérande.
Depuis 1995, les surfaces exploitées progressent. Guérande obtient, en 1996, le classement officiel du site des ses marais salants.
"Terre de Sel" créée en 2002, la "Maison du Paludier", à Saillé, le "Musée des Marais Salants" à Batz-sur-mer sont autant de structures d’accueil pour expliquer, partager et transmettre l’amour d’un métier, d’un environnement, des marais salants.
Les marais salants de Guérande et du Bassin de Mès constituent un site remarquable du patrimoine européen où le sel est toujours récolté à la main par les paludiers. Le sel gris et la fleur de sel ont fait la renommée de toute la presqu'île Guérandaise.
"Armel Jorion, paludier, et Gildas Buron, conservateur du Musée des marais salants sis à Batz-sur-Mer, ont organisé une déambulation dans les marais de la presqu’île de Guérande. Cette déambulation a justifié cet article qui donne des informations sur les marais salants ainsi que sur deux unités hydrauliques de Guérande (Hascouet ou "saline aux moines" et Leni-Cormerais)".
Déambulation dans les marais salants de Guérande, publié le 22 octobre 2019