La forteresse d’Herbignac (Loire-Atlantique) est une destination incontournable dans les marais de Brière. Si on y raconte l’évolution de ses murs, la bâtisse du XIIIe siècle délivre aussi des histoires que peu d’amateurs connaissent.
Ces murailles et son enceinte trônent indéfectiblement au milieu des marais, au nord de la Brière, depuis le XIIIe siècle. À Herbignac, le château de Ranrouët n’est plus tout jeune mais, pour le coup, il a beaucoup d’histoires à raconter. En tant qu’incontournable, on pourrait penser qu’il ne cache plus rien aux visiteurs, que nenni ! Voici cinq histoires que vous ne connaissez pas sur la forteresse.
1. Le refuge d’un érudit
Le passé militaire de la forteresse saute aux yeux lors des visites, mais elle a aussi abrité l’un des seigneurs les plus atypiques de son époque : le marquis d’Assérac, Jean-Emmanuel de Rieux, au XVIIe siècle.
"Il est un érudit, un astrologue, un passionné de livres et de savoirs", énumère Fanny Bena, médiatrice du château. Au sein de ses murailles, il construit l’une des bibliothèques les plus réputées de France, enrichie au cours de ses voyages en Europe. Encore plus extraordinaire, un cabinet de curiosités où se mêlent oiseaux du paradis, découvertes du Nouveau monde et fossiles. Aujourd’hui, on peut seulement imaginer l’ensemble des trésors qu’il contenait.
2. L’intrigante châtelaine de Ranrouët
Oubliez l’histoire rapportée et sans originalité de la dame d’Herbignac. Préférez-lui Jeanne-Pélagie, l’épouse de notre érudit. Louée pour sa beauté, elle se démarque aussi par son intelligence. Attisant les convoitises, elle est accusée sans fondement d’être une femme diabolique par un moine local. Cette accusation aurait-elle pu faire naître cette légende de dame blanche ? "C'est impossible à dire et très improbable", rétorque la médiatrice.
3. Un os de baleine au milieu des marais
On pourrait le confondre avec une pierre, dans la vitrine de l’accueil du château. Peut-être parce que cela a longtemps été son rôle. "Nous l’avons retrouvé lors de fouilles de la barbacane, en 2012, note Fanny Bena. Au cœur de la maçonnerie." Mais alors d’où vient-elle ? De l’ancien cabinet de curiosité, d’une baleine échouée dont la carcasse aurait été préemptée par le marquis d’Assérac ? "On ne saura jamais le fin mot de l’histoire."
4. Un paysage de roman
Amateurs de littérature, vous avez sûrement déjà entendu parler de Ranrouët sans vous en rendre compte. Au cœur des Enquêtes de Nicolas Le Floc’h, l’ombre du château se dessine. Dans cette série policière, l’écrivain Jean-François Parot raconte les aventures de ce Guérandais dont le parrain ne serait autre que le marquis du château de "Ranreuil". Un clin d’œil plus qu’une allusion historique.
5. Des visiteurs d’exception
Vous n’êtes pas les premiers à vous rendre à Ranrouët. Dans son recueil de voyage en Bretagne, Par les champs et par les grèves, Gustave Flaubert fait étape dans la forteresse en 1847. Même s’il ne garde pas un bon souvenir de cette "ruine, sans grandeur et caractère", à l’abandon, où le fermier du coin fait pousser ses choux. Il n’est sûrement pas la seule personnalité à l’avoir visité. Entre 1906 et 1907, Lawrence d’Arabie traverse la France à vélo et passe notamment par la Brière. "En tant que passionné de château et de céramique médiévale, dont Herbignac est l’un des centres, il est fort probable qu’il ait fait étape à Ranrouët", suppose Fanny Bena.
Article Ouest-France, 30 aout 2024